un arret du tribunal federal
du 9 avril 2014 tres interressant

Vous trouverez sous ce lien 8C_422/2013, un arrêt du Tribunal fédéral.

VIOL

Si vous êtes victime d’un viol, il vous faut impérativement réagir « juste » :

  • Rendez-vous immédiatement chez un médecin ou aux urgences pour un constat complet (examen gynécologique, prise de sang pour recherches d’éventuels produits comme alcool, GHB, autres produits ; prise de photos d’hématomes).
  • Ne prenez pas de douche au préalable et veillez à garder vos habits en l’état dans un sac en plastique (recherches ADN).
  • Si vous avez subi des menaces par sms ou par téléphone : gardez les sms et demandez à votre opérateur un relevé des appels entrants ; gardez les messages sur répondeurs.
  • Consultez le centre LAVI (Loi sur l’aide aux victimes d’infractions) de votre région : des personnes compétentes vous orienteront dans les démarches à entreprendre et vous prodigueront soutien et conseils (plainte pénale, premier soutien financier dans les démarches juridiques, conseils sur les avocats spécialisés).

VIOLENCE CONJUGALE

  • Consultez le centre LAVI (Loi sur l’aide aux victimes d’infractions) de votre région : des personnes compétentes vous orienteront dans les démarches à entreprendre et vous prodigueront soutien et conseils (plainte pénale, premier soutien financier dans les démarches juridiques, conseils sur les avocats spécialisés, adresses des associations de soutien aux victimes de violence conjugale et celles de prise en charge des auteurs).

MOBBING

Suite aux nombreuses sollicitations en matière de mobbing, harcèlement sexuel ou autres situations conflictuelles sur le lieu de travail, on peut rappeler ces premiers conseils de base.

Conseils pour le travailleur, en général :

  • Conclure dès le premier contrat de travail une assurance protection juridique qui prenne en charge les litiges de travail (l’argent est le nerf de la guerre) ;
  • Ne pas mélanger le travail à la vie privée et être parcimonieux avec votre entourage professionnel s’agissant de confidences liées à votre vie privée ;
  • Vous conformer à vos devoirs de diligence et de fidélité à l’encontre de votre employeur ;
  • Utiliser les outils de travail à des fins privés (ordinateur, téléphone, etc.) en vous conformant strictement aux instructions de votre employeur et il faut vous abstenir de les utiliser dès qu’il y a un problème en entreprise (on n’appelle pas son avocat depuis son lieu de travail et on ne lui envoie pas des e-mail depuis l’ordinateur professionnel : cela tombe sous le sens) ;
  • En qualité de travailleur vous avez des droits et vous avez des obligations. Il vous appartient d’être informé sur les deux.

Conseils pour le travailleur qui craint d’être victime de mobbing :

  • Il ne faut pas attendre : informez-vous sur vos droit et vos obligations auprès d’un conseil spécialisé ;
  • Parlez-en à votre médecin et à votre entourage familial ;
  • Tenez un cahier de bord factuel et en ordre chronologique (il ne s’agit pas d’un cahier de jeune fille !).
  • Veillez à garder les éléments de preuve : courriers, e-mails, sms, post-it, petits billets, identité des témoins. Préparez un classeur que vous garderez à la maison et non dans votre tiroir au bureau.

Conseils pour l’employeur :

  • Informez-vous en général sur vos droits et sur vos obligations en matière de respect et protection de la personnalité de vos employés.
  • Si un de vos travailleurs se plaint de mobbing, vous êtes tenu à toute une série de démarches : informez-vous.
  • Réagissez rapidement et ne laissez pas la situation se dégrader.
  • Il est prouvé qu’une entreprise respectueuse de la personnalité de ses employés crée un climat de travail serein, établit des liens de confiance, fidélise ses travailleurs et s’attire les meilleures compétences. Il est dès lors avantageux d’un point de vue économique de veiller à un climat de travail respectueux (meilleure productivité et baisse de l’absentéisme).

Les salariEs toujours plus sous pression

images/lematin.ch du 18 octobre 2009
Rosette Poletti, infirmière, pédagogue et psychothérapeute
Avec la collaboration de Barbara Dobbs

La situation décrite ci-dessus est fréquente. Nous recevons de nombreux courriels qui évoquent le découragement voire le désespoir de personnes compétentes, comme des soignants bien formés qui se retrouvent dans des impasses relationnelles et doutent de leurs aptitudes.

L’estime de soi diminue et, parfois, la santé physique chancelle. Que se passe-t-il? Il y a aujourd’hui une vraie pression dans le monde du travail, et le contexte de crise et de peur est favorable aux dérives de toutes sortes. La peur du chômage ou la peur du chef peut amener à une suradaptation des travailleurs, surtout ceux qui croient avoir quelque chose à perdre, comme les cadres intermédiaires! Pris en sandwich entre les «grands» chefs et l’équipe qu’ils encadrent, ils sont parfois les réceptacles des manifestations de la tension des cadres supérieurs et, à la longue, ce n’est pas tenable. Certains décideurs vivent dans l’illusion que l’on peut indéfiniment augmenter les objectifs sans augmenter les moyens.

Et ce phénomène est international. Nous n’avons jamais consommé autant de tranquillisants et d’antidépresseurs qu’aujourd’hui. En cherchant par tous les moyens à s’adapter à une société «malade», on peut aussi perdre soi-même la santé.

Le psychologue et chercheur québécois Denis Doucet a écrit un ouvrage passionnant intitulé «Le principe du petit pingouin» (voir encadré).

«Si un jour quelqu’un avait la curieuse idée de transporter un petit pingouin du pôle Nord vers les plages de Cancún, au Mexique, seriez-vous enclin à accuser l’animal s’il finissait par montrer des signes de suffocation? Et si c’était à des millions d’humains qu’on faisait le coup?» écrit Denis Doucet.

Le principe du petit pingouin, c’est ce que d’autres chercheurs nomment le «syndrome de suradaptation». Il s’agit de la difficulté à dire non, à poser des limites claires et à sortir de la peur, à décider de se respecter quoi qu’il en coûte.

Comment sortir de cette situation?

1. En prendre conscience et se poser quelques questions fondamentales:

  • Quelle est la raison essentielle qui me fait rester dans cette situation?
  • Quels ont été mes rapports passés d’autorité avec les adultes et comment cela influence-t-il mes rapports avec ma hiérarchie?
  • Comment est-ce que je m’évalue?
  • Est-ce que je connais mes forces et mes faiblesses?

2. Prendre les devants et demander un entretien avec le responsable, incluant une évaluation claire et circonstanciée de ce qu’il a à vous reprocher.

3. Selon le contenu de l’entretien, chercher l’aide d’un coach, du juriste de l’association professionnelle à laquelle on appartient ou demander un entretien avec la direction de la société.

4. Prendre soin de soi, retrouver des forces physiques et émotionnelles.

5. Considérer les options:

  • Rester à son poste tout en trouvant de nouveaux moyens (coaching-formation-entretien avec les supérieurs).
  • Donner son congé si la situation ne paraît pas s’améliorer avant de se trouver en burnout et se souvenir qu’aucun poste de travail ne mérite qu’on y sacrifie sa santé.

6. D’après le courriel reçu, il se pourrait que la supérieure hiérarchique, si critique, fasse du harcèlement et qu’il y ait un problème de mobbing. Dans ce genre de cas, on peut s’adresser au Centre d’information de l’Association suisse pour la maîtrise du stress (022 321 01 29).


Sortir de la suradaptation

Dans son ouvrage, Denis Doucet suggère quelques pistes intéressantes:

  • Voter pour soi, c’est-à-dire cesser de tolérer n’importe quoi.
  • La suradaptation, c’est d’abord une histoire de manipulation collective à laquelle nous sommes soumis jour après jour. Mais, comme il n’est pas possible de s’adapter à tout, il s’agit de situer ses limites et de les respecter.
  • Pour respecter ses limites, il est important de connaître ses besoins véritables et de ne pas les confondre avec ses désirs de consommation.
  • Il n’y a pas de victime impuissante, il existe toujours une issue. Lorsqu’on ne la voit pas, il faut oser faire appel à des personnes de ressource.

Pour Doucet: «Nous sommes donc à un point de rupture de l’histoire où nous devons choisir entre nous suradapter et en souffrir… ou nous en libérer en assumant plus ouvertement nos besoins profonds. »

Tout cela n’est pas facile, il faut aussi pouvoir gagner sa vie et faire vivre sa famille. Peut-être est-ce le temps de se recentrer sur l’essentiel, de lâcher prise de l’illusion du toujours plus pour aller vers de nouvelles valeurs comme la cohérence et la dignité.

Aujourd’hui, on évoque souvent la mort dans la dignité, il serait temps de se préoccuper de la vie dans la dignité et du travail dans la dignité, et de se souvenir que le travail est au service de l’homme et non le contraire!

A vous, chère correspondante, et à chacun de vous, amis lecteurs, nous souhaitons une très belle semaine.