Il est proposé ici un cas exemplaire de mobbing, in casu un cas de mobbing collectif induit (vertical ascendant) : Jugement 700-80-005546-129, du 3 août 2015, Cour du Québec, Chambre civile, district de Terrebonne, localité de St-Jérôme, M. L. c./ Ville de Mont-Tremblant.

Mobbing collectif induit vertical ascendant retenu à charge d’un subordonné, identifié comme le leader d’un groupe de plusieurs autres subordonnés, perpétré à l’encontre de leur supérieur hiérarchique, durant les heures de travail. Ledit supérieur hiérarchique a été soumis à des mises en scènes photographiées au caractère choquant et menaçant (fausse bombe, comparaison avec le Ku Klux Klan, fiche de renseignement criminelle avec sa photo, images dégradantes et vexatoires à connotations scatologiques ou sexuelles) ; il a été exclu de façon systématique dans le comportement social, notamment lors des négociations où la délégation syndicale refusait de lui adresser la parole, de lui serrer la main et de reconnaître sa présence ; il a été objet du dépôt d’une plainte vexatoire de harcèlement à son encontre par le leader et un collègue ; il a été physiquement exclu par claquage de la porte au nez du vestiaire des joueurs de hockey en signifiant son exclusion sociale du groupe dont il était censé être le chef, avec la solidarité du groupe de subordonnés présents dans le vestiaire (refus de collaborer avec les enquêteurs) ; il a été objet d’insultes visant à discréditer ses compétences professionnelles et traité d’incompétent, paresseux, traître et « crosseur » ainsi qu’objet de comparaisons dénigrantes, blessantes et humiliantes portant atteinte à sa dignité ; le mot d’ordre circulant à l’intérieur du groupe de mobbeurs était de continuer à l’ignorer. Les actes hostiles se sont répétés à une cadence quasi-quotidienne sur une période de plusieurs semaines.









Jugement 700-80-005546-129,
du 3 août 2015,
Cour du Québec, Chambre civile, district de Terrebonne, localité de St-Jérôme, M. L. c./ Ville de Mont-Tremblant

 

Jeudi 5 mai 2011
Conference "Reperage, diagnostic et prise en charge de la souffrance au travail"

A partir de 18h30 La librairie Eyrolles, les éditions Pearson et Editions d'Organisation ont le plaisir de vous inviter à la conférence : "Repérage, diagnostic et prise en charge de la souffrance au travail" animée par Marie Pezé et Gabriella Wennubst le jeudi 5 mai à partir de 18h30. Participez au débat ! La conférence sera suivie d'une séance dédicace et d'un cocktail en librairie.









Rendez-vous
Jeudi 5 mai, 18h30
57, Blvd Saint-Germain
75005 Paris

Inscription et
réservation

conference@eyrolles.com

 

Mobbing
Le harcelement en entreprise: victoire ou défaite de l'employeur?

Gabriella Wennubst, 2011

Entre 3,5 et 7,5% des salariés (tous pays confondus) sont victimes de mobbing au cours de leur vie professionnelle. Mais qu'est-ce que le mobbing? L'auteur le définit comme une répétition d'actes hostiles par un ou des auteurs tendant à isoler, marginaliser, éloigner ou exclure la victime d'un cercle de relations données, voire à la neutraliser par une communication non éthique et un report de responsabilité sur la victime.

Abordant autant les aspects pratiques que légaux, cet ouvrage apporte les réponses à toutes les question que soulève ce type de comportement: qui est victime de harcèlement moral et, dans sa forme particulière, de mobbing? Mais qu'est-ce donc exactement que le mobbing? Que faire? Que dit le droit? Etc.

Cet ouvrage passionnant sur un sujet sensible est destiné aussi bien aux employeurs et aux salariés qu'aux "mobbeurs" eux-mêmes...





Eyrolles

ISBN 978-2-212-54954-6

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Points de vente en France

Egalement distribué
en Belgique et au Canada

Francesca Molo: «J'ai refusE d'abandonner»

lematin.ch du 26 août 2009
Victor Fingal

Elle n'a pas baissé les bras, Francesca Molo, 60 ans, ex-journaliste de la RSI (Radio-Télévision de la Suisse italienne): elle vient d'obtenir une indemnisation de 342 000 francs pour discrimination salariale. Son combat judiciaire contre son ancien employeur aura duré plus de dix ans. « Je ne suis pas tombée malade malgré les tensions, confiait hier la battante. Je puisais mon énergie dans la nature qui entoure ma maison à Ponte Capriasca, près de Lugano. »

Les faits: la journaliste de radio, aussi productrice de documentaires, gagnait 115 000 francs brut par année, alors que ses collègues masculins empochaient 150 000 francs pour la même période. Une injustice intolérable, d'autant plus que son employeur, la RSI, est une société de service public.

Mais son employeur refuse de céder. L'affaire sera débattue devant le Tribunal de district de Lugano en 1997. Elle demande alors une indemnité de 297 000 francs, soit une moyenne de 30 000 francs par année. Le recours est accepté.

En 2003, après moult rebondissements, le Tribunal de district condamne la RSI à verser 148 000 francs à la plaignante. La chaîne recourt auprès du Tribunal cantonal, qui lui donne raison. Mais la journaliste ne cède pas et porte l'affaire devant le Tribunal fédéral, qui, en octobre 2005, annule la décision du tribunal tessinois. « J'ai voulu me battre, j'ai refusé d'abandonner en cours de route », souligne Francesca.

Enfin, en décembre 2007, la seconde Chambre civile du Tribunal d'appel condamne la RSI à verser 342 000 francs à son ancienne employée. Une décision enfin acceptée par la chaîne tessinoise et publiée dans le numéro d'août du mensuel des consommateurs Spendere meglio. Mais la chaîne serait-elle mauvaise perdante? « Il s'agit d'un cas unique », tient à préciser un porte-parole de la RSI, qui poursuit: « La chaîne n'a jamais été accusée de discrimination salariale. »

«Une victoire qui fait jurisprudence»
Des propos qui n'affectent guère celle qui a pris une retraite anticipée fin 2008. «C'est une victoire contre la discrimination, contre toute forme de discrimination. Une victoire qui a fait jurisprudence car c'est le premier cas en Suisse. D'autres femmes pourront baser leurs revendications sur le jugement de mon procès.»

Aujourd'hui Francesca coule des jours heureux. «Après cette victoire, je me sens si légère... Je vais voyager en Grèce, en France, en Italie. Je pars demain.»

Mais la journaliste n'entend pas passer sa retraite à cultiver des roses. «Un jour je vais reprendre des activités dans la production de films. Je pense que je vais rencontrer quelques difficultés quand je les proposerai à la Télévision suisse italienne!»

Le mobbing dans le monde animal:
enfin un exemple concret!

Bullying

Battue par un poids plume!

lematin.ch du 30 septembre 2009
Sébastien Jost - le 29 septembre 2009

Une buse qui rôdait près d’un nid s’est fait castagner par un passereau.

Bien plus grosse que son attaquant, elle n’a pu que prendre la fuite. Un cas plus fréquent qu’on ne l’imagine.

En voilà un qui n’a pas froid aux yeux. Ni aux ailes, d’ailleurs. Pour défendre son nid autour duquel rôdait une buse à queue rouge, un passereau de la famille des tyrans n’a pas hésité à grimper sur le dos du rapace et à lui picorer le crâne. Malgré une taille qui peut être 50 fois supérieure à celle de son attaquant, la buse n’a rien pu faire si ce n’est s’enfuir dans des cris de douleur.

La scène, rapportée par le Daily Mail , s’est déroulée dans le Colorado, aux Etats-Unis. Malgré le côté spectaculaire de la photo, la situation n’est pas exceptionnelle. En Suisse aussi, les rapaces se font mener la vie dure par les autres volatiles. «Tous les jours, on peut voir des oiseaux poursuivre des rapaces, explique François Turrian, directeur romand d’ASPO/Bird-Life Suisse. Les corvidés, comme les corneilles et les corbeaux, détestent particulièrement cette famille. Rien que voir leur silhouette leur donne des boutons.» Et le spécialiste de souligner: «Si les chouettes rechignent à sortir la journée, ce n’est pas parce qu’elles fuient la lumière du jour mais parce qu’elles craignent de se faire houspiller sans relâche par des passereaux.»

La taille imposante des rapaces ne les protège pas des attaques. Elle peut même les desservir. «Un tyran est beaucoup plus agile et rapide qu’une buse, souligne Lionel Maumary, président du Cercle ornithologique de Lausanne. Celle-ci représente un danger pour les petits qui ne savent pas voler. Le tyran a certainement voulu défendre son nid. Mais lui ne risquait pas grand-chose. Il en aurait été différemment si le rapace avait été un faucon ou un épervier. Ces rapaces, beaucoup plus petits que des buses, sont capables de capturer des oiseaux en vol.»

Si, dans les airs, les petits n’hésitent pas à attaquer les gros, ce n’est pas une situation fréquente dans la nature. «Les proies sont en général plus petites que leurs prédateurs», relève Daniel Cherix, conservateur du Musée de zoologie de Lausanne. Il existe bien entendu des exceptions (voir encadré). «Certains animaux qui vivent en colonie peuvent s’unir pour affronter un agresseur beaucoup plus grand, indique François Turrian. D’autres possèdent des armes permettant de repousser des prédateurs. Certains scarabées. par exemple, peuvent faire fuir des renards ou des blaireaux en émettant une substance répulsive.»

Mais, en général, prendre ses pattes à son cou est la piste privilégiée en cas d’agression. «Un animal qui se fait attaquer subit un stress, note Daniel Cherix. Il va répondre à celui-ci en adoptant le comportement qui aura le meilleur résultat par rapport à l’énergie dépensée. Dans la nature, où tout est affaire de compromis, la fuite est souvent la meilleure solution.»

Extrait d’ouvrage : Gabriella WENNUBST, Mobbing, ou harcelement psychologique analysé sur le lieu de travail, CEDP, dEcembre 2007.

Afin d’appréhender correctement la notion de mobbing, il faut la resituer dans son contexte et se pencher sur ses origines qui remontent à l’éthologie.

L’éthologie étudie, entre autres, les multiples expressions de l’agressivité animale afin d’en percer les significations et finalités. Ces comportements agressifs peuvent se manifester entre congénères (intra-espèce) pour le partage du territoire, l’établissement des hiérarchies, la sélection, la défense des petits, ou à l’encontre d’une autre espèce (inter-espèces), agression dont la fonction est la conservation de l’espèce (LORENZ Konrad, 1969, pp. 32ss; LORENZ Konrad, édition de 1983, pp. 30ss.).

En 1963, Konrad LORENZ, en évoquant l’attaque du prédateur contre la proie, fait état de « l’acte contraire, c’est-à-dire la contre-offensive de la proie contre l’ennemi consommateur ». Il observe que « ce sont avant tout des animaux vivant en société qui attaquent alors la bête de proie menaçante, partout où ils la rencontrent. En anglais on appelle ce phénomène ‘mobbing’ : l’équivalent le plus proche en français est sans doute ‘guerre de harcèlement’. Les corneilles et d’autres oiseaux se groupent ainsi pour harceler les chats, les grands ducs et autres prédateurs nocturnes, lorsqu’ils les rencontrent le jour. Il est évident que cette petite guerre contre l’ennemi consommateur agit dans le sens de la conservation de l’espèce. Même si l’agresseur est petit et sans armes il peut nuire très sensiblement à celui qu’il attaque » (LORENZ Konrad, 1969, pp. 35ss; LORENZ Konrad, édition de 1983, pp. 32ss.). Le mobbing, dont « le rôle premier est celui de rendre la vie impossible à l’ennemi afin qu’il aille chercher un autre territoire de chasse », est une stratégie de grande efficacité pour éloigner un prédateur représentant une menace. Il s’agit en quelque sorte d’une offensive préventive de défense, en l’absence même d’une attaque du prédateur.

La Télévision Suisse Romande (TSR1) a diffusé un documentaire portant également sur ce sujet le 4 novembre 2006 (Doc Nature, « La symphonie animale »).

Le mobbing animal peut être le fait d’une collectivité homogène, par exemple des oies cendrées contre un renard (voir les exemples décrits par LORENZ, 1969, pp. 35ss.; 1983, pp.32ss.), une colonie de suricates contre un serpent à sonnettes, ou hétérogène, comme des merles, des mésanges et des verdiers s’élançant en même temps contre un rapace (NICOLAI Jürgen, 1974, pp. 164ss.). Pour ma part, j’ai toujours observé ce phénomène spectaculaire au printemps, lorsque un moineau et un merle, par exemple, harcèlent ensemble un milan s’approchant trop des nids (WENNUBST, 1999, p. 24, p. 47).

Le succès de cette stratégie de défense est garanti par l’élément collectif, la soudaineté de l’attaque, l’expression spectaculaire des moyens mis en œuvre (cris et claquements, battements d’ailes, poursuite, coups, etc.). L’espèce de force inférieure compense sa vulnérabilité vis-à-vis du prédateur par cette stratégie impressionnante d’agressivité soudaine à l’efficacité redoutable.

Mais, en 1927 déjà, l’auteur anglais E. M. NICHOLSON s’attarde sur les habitudes de mobbing chez les oiseaux pour observer qu’il s’agit d’un phénomène bien plus complexe qu’il n’y paraît, et exprime la conviction que certains oiseaux sont mobbés par d’autres non seulement parce qu’ils représentent un ennemi, comme les faucons ou les chouettes, mais également lorsqu’ils sont étrangers au groupe qui les mobbe (NICHOLSON E. M., 1927, pp. 93-94), élément que l’on retrouve également dans le mobbing chez les humains.

Dès les années 60 (HEINEMANN, 1972, OLWEUS Dan, 1993), se fondant sur la terminologie et les observations de LORENZ, les recherches se sont orientées vers un type particulier de comportement destructif adopté par les enfants en classe, concernant de petits groupes d’enfants à l’encontre d’un enfant qui est éloigné et exclu du groupe.

Dès les années 80, Heinz LEYMANN, qui se revendique de ces prédécesseurs (Fiche établie par LEYMANN, www.leyman.de), s’est intéressé au même type de conduites hostiles entre travailleurs à leur place de travail. Ces études ont donné lieu aux résultats que l’on connaît.

D’autres chercheurs comme Berndt ZUSCHLAG (ZUSCHLAG Berndt, 1994) ou Herry WALTER (WALTER Herry, 1993) se sont consacrés à la même époque au même sujet.

Ces dernières années, un nombre impressionnant de publications ont étudié ce thème, porteuses d’approches plus ou moins critiques par rapport aux conclusions de LEYMANN.

Force est de constater ainsi qu’à l’origine le concept de mobbing désignait une situation précise et qu’il a été élaboré dans des contextes divers, étrangers au monde du travail.

La définition du terme anglais (Angleterre) se réfère à un contexte large, « to mob » faisant allusion soit au concept de populace se livrant à des actes d’anarchie ou d’outrage contre une cible donnée, soit au comportement animal susmentionné, c’est-à-dire à des manifestations d’agressivité collective visant à éloigner un prédateur menaçant dans le but de défendre ou de préserver la survie de l’espèce (The Oxford English Dictionary, 1989, p. 927ss. On observe récemment la naissance en Europe d’un phénomène nouveau, le flash-mob, qui consiste en un rendez-vous donné par internet à des internautes dans le but de se retrouver en un lieu donné, à une heure donnée, afin de faire collectivement une « performance » (ex. avoir tous un journal avec un trou et regarder par le trou, garder le natel à l’oreille une minute et se laisser tomber par terre tous en même temps à un moment précis, avoir tous une sucette à la bouche, etc.). Si le but en est le « fun », les spécialistes s’accordent à en reconnaître tout le potentiel d’agressivité d’un tel comportement. Et en effet, en Palestine, le flash-mob a une connotation bien plus violente et désigne l’organisation de courtes manifestations collectives d’agressivité au cours desquelles de jeunes Palestiniens se retrouvent en foule pour jeter des pierres contre les soldats israéliens).